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Événement Bois : Croissance je t'aime, moi non plus

Le rythme effréné de nos vies laisse de moins en moins de place au temps long.

Afin de reprendre le contrôle sur notre temps (qu’il soit personnel ou professionnel), la Guilde de l’Innovation lance un tout nouveau cycle d’ateliers.

Au rythme des saisons, nous organisons chaque trimestre un moment de rencontre pour vous inspirer et vous amener à réfléchir sur de nouveaux sujets. En nous inspirant en partie de la Tradition Chinoise (Taoïsme), nous puisons dans la nature, les enseignements nécessaires à un rythme plus sain pour nous, notre travail et notre planète.

Pour l’événement de printemps, le premier du cycle, nous avons décidé de questionner notre rapport à la croissance. En voici un petit résumé.

événement printemps conférence

Conférence “Croissance, je t’aime moi non plus”.

(par Meven Royo).

À la base de tout, il y a le temps. Pour nous, occidentaux, il s’écoule de gauche à droite, du passé vers le futur, et nous avançons vers ce dernier. Le peuple sud-américain Ayamara, lui, voit les choses différemment. Il considère que nous faisons face au passé (à gauche) et que nous reculons vers le futur (à droite). Ce qui semble logique puisque nous pouvons observer notre passé mais jamais notre futur (sauf par le Design Fiction).

Quoi qu’il en soit, le rapport au temps change selon l’époque, le lieu et la philosophie des peuples. Pour preuve, les Grecs anciens avaient 3 temps différents et complémentaires, là où nous n’en avons qu’un :

  • Le Kairos : le temps présent, le “bon moment”
  • Le Chronos : le temps linéaire que nous connaissons
  • L’Aïon : le temps cyclique, qui se répète et sert de repère

Kairos, Chronos, Aion

L’Aïon a toujours été d’une importance capitale dans l’Histoire. Les cycles rythment nos jours, les saisons, les marées, les rituels anciens et même la reproduction des espèces. Sauf qu’aujourd’hui, ils se perdent. Nous nous sommes affranchis des cycles circadiens (cycle du soleil sur une journée) et nous ne vivons plus vraiment aux rythmes des saisons. Par exemple, l’hiver devrait être un temps de repos, d’introspection et de ressourcement, c’est au contraire l’une des saisons où nous devons produire le plus.

Cette réflexion de vivre avec le rythme des saisons est vieille comme le monde. Elle existe depuis plus de 5000 ans dans la Médecine Traditionnelle Chinoise. Les Anciens Taoïstes l’ont nommée Wu Xing, ou les 5 mouvements(souvent mal traduits par éléments). Il s’agit de : L’eau, le bois, le feu, la terre et le métal. Chaque élément est rattaché à un organe, une saison, une couleur, une énergie, une émotion, une typologie de mouvement. Le printemps est sous le signe du bois. C’est une saison propice à la croissance, à la germination de nouvelles idées.

La beauté de cet outil résulte dans ses multiples applications, puisqu’il décrit un système avec des interactions, de générations ainsi que des boucles de rétroaction.

On trouve ainsi le cycle d’engendrement : le Bois nourrit le Feu qui devient lui même la Terre qui se transformera en métal pour engendrer l’Eau qui a son tour fera pousser le Bois.

Comme tout système doit s’équilibrer on trouve aussi un cycle de contrôle : le Bois contrôle la Terre, qui contrôle l’Eau, qui contrôle le Feu, qui contrôle le métal, qui contrôle le Bois.

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Qu'avons nous retenu de la croissance ?

1/ La croissance n’est pas sale.

Elle fait partie du cycle naturel de la vie. Sans croissance, rien ne peut exister. Le problème est qu’elle est sous stéroïdes depuis trop longtemps. Et nous nous y sommes habitués. Pas étonnant que parler de décroissance soit angoissant et repoussant.

2/ La croissance est une phase

Elle s’insère dans un cycle plus large et doit laisser sa place aux autres phases. La croissance doit donc avoir un début et une fin, ainsi qu’un objectif clair.

3/ La croissance a différentes temporalités

Si l’on considère la croissance comme une phase, cette dernière peut se retrouver à différentes échelles. Quelles sont vos phases de croissances sur une année ? À quel moment êtes-vous dans le “Bois” sur une journée type. Est-ce possible d’identifier des périodes de croissances imposées dans vos mois ?

4/ La croissance nécessite des ressources

Que ça soit de l’argent, de l’énergie, du temps, de la motivation, des matières premières, il est essentiel d’avoir les bonnes ressources pour entamer une phase de croissance. Comme le dit la formule de Lavoisier : “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. La croissance à besoin de l’eau (du repos et de l’introspection) pour pouvoir se faire.

5/ La croissance non contrôlée est anarchique

Ne pas donner de limites à la croissance est le meilleur moyen pour en perdre le contrôle. Notre économie en est la preuve. Il faut donc poser des garde-fous afin de la maîtriser, et être capable de l’arrêter une fois l’objectif atteint ou les ressources consommées.

Nous avons confondu croissance et performance. Nous cherchons donc à croître continuellement et à rester “à fond”. La nature, elle, ne l’est pas du tout ! Par exemple, la photosynthèse (qui nous fait vivre, accessoirement) n’est efficace qu’à hauteur de 1% ! On est loin de l'’excès de productivité, et pourtant ça fonctionne. Car comme l’explique Olivier Hamant dans son livre "Antidote au culte de la performance", la nature ne cherche pas la performance mais la robustesse (c’est-à-dire la capacité à rester stable malgré les fluctuations).

Heureusement, les choses changent et de nouvelles initiatives prennent à contre-pied cette culture de la performance à tout prix. On pense à Asphalte qui réinvente le système de production de vêtements, aux moines de la Chartreuse qui limite leur production ou à Eliott Meunier qui ne travaille que 10h par semaine et réinvesti tous ses bénéfices dans sa spiritualité et son école de danse.

eliott meunier fait du yoga

(Eliott Meunier - youtube)

Au final, la croissance est une composante essentielle de la vie, mais doit rester momentanée, contrôlée et utile.


Avec tous ces enseignements, les participants ont putravailler individuellement sur leur propre rapport à la croissance.

“Qu’est-ce qui croît en moi et pourquoi ? Quelles seraient les conséquences d’une croissance déraisonnée ? Comment m’en protéger ? Quand être en croissance, et quand me reposer ?”

Voilà des questions que chacun a pu se poser et réfléchir à l’aide de gabarits conçus spécialement pour l’occasion par Arthur Hawkins. D'ailleurs, voici sa fresque de la conférence :

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FacilitationGraphique - Printemps


À l’heure ou cet article est publié, nous approchons de l’été, et donc du prochain événement saisonnier de la Guilde ! Vous pouvez donc participer àl’événement du feu, sur la thématique de lapassion au travail qui aura lieu le mardi 25 juin prochain.

Pour ne pas le manquer, 👉 vous pouvez réserver votre place juste ici 👈