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Solarpunk : le positivisme artistique au service du futur

Un mouvement pour aider à envisager un avenir positif, durable et égalitaire ? 

C’est ce que propose le mouvement artistique Solarpunk depuis une dizaine d'années.

Dérivé du cyberpunk, il aide à rêver à des futurs positifs grâce à l’art.

Mais ce mouvement est-il juste une utopie ou peut-il nous aider à construire le futur ?

Un climat morose entretenu par les représentations artistiques

Entre le dernier rapport du GIEC et les prédictions quotidiennes sur notre avenir et celui de notre planète, on ne peut pas dire que l’optimisme soit au rendez-vous. D’autant plus que cette masse d’information est, et a toujours été renforcée par des projections artistiques diverses. Ces dernières qui, inspirées par nos habitats, cherchaient à dépeindre nos futurs sous des prismes peu reluisants au travers de visions dystopiques, froides et pessimistes. 

Toutes ces représentations se sont vues rassemblées sous l’étendard d’un courant né dans les années 70/80, le Cyberpunk. Mouvement qui a été porté par des représentations artistiques diverses, dont l’influence a été telle, que ces oeuvres font désormais partie intégrante du paysage de notre pop culture. on pensera notamment à Blade Runner 2032 pour le cinéma, Dune pour la littérature et le cinéma ou encore Les eaux de Mortelune pour la bande dessinée. 

Planche BD Les eaux de mortelune - article Solar punk thème

(©Les eaux de mortelune - Patrick Cothias)


Mais ce mouvement a également donné lieu à une sur-représentation en infiltrant toutes les formes d’art.  À l'opposé d’un no futur, des optimistes ont pris le courant à contre pied afin de proposer de nouveaux récits alternatifs et surtout … positifs : c’est la naissance du mouvement Solarpunk.

Solarpunk, un mouvement artistique au service du positivisme 

Dessin Solar Punk - Imperial Boy - article illustration solar punk

(©Imperial boy)

Chateau Ambulant - Miyazaki - dessin Solar punk

(©Le château ambulant - Hayao Myazaki)

Depuis une dizaine d’années désormais, des imaginaires plus positifs se regroupent sous la bannière du solarpunk. Ici, on rêve à un futur où l’espèce humaine vivrait en parfaite harmonie avec la nature dans un monde durable et égalitaire (tiens tiens ça nous rappelle quelque chose à la Guilde …). L’objectif est clair : « annuler/déprogrammer l’apocalypse » comme l’a annoncé l’artiste et théoricien britannique Jay Springett lors d’une conférence en 2018. Comme son nom l’indique, le solarpunk se concentre sur les énergies renouvelables notamment le solaire, les nouvelles technologies et des moyens réducteurs de carbone pour envisager un avenir positif pour l’humanité. En résumé ce mouvement c’est :

  • Une vie humaine en harmonie avec la nature
  • Un monde durable et égalitaire
  • L’utilisation consciente et optimisée de l’énergie solaire
  • Les nouvelles technologies au service de la société 
  • La réutilisation des objets pour prolonger leur durée de vie (Jugaad)
  • Des structures économiques symbiotiques décentralisées

Le mouvement fait également la part belle à l’esthétique avec un style oscillant entre maquette d’architecture de ville durable et art nouveau, avec des motifs naturels très ornementaux. Des fermes futuristes, des espaces urbains communautaires à la verdure luxuriante, des technologies modernes au service des humains et de la planète, c’est ce que propose le mouvement solarpunk. 

(©Dear Alice - The Line)

Douce utopie ou tremplin pour demain ?

Mais alors, comment passer de cette fiction idéale à la réalité ? Le mouvement solarpunk nous encourage à accepter notre présent et à trouver des pistes pour notre avenir. L’humain a souvent tendance à avoir une vision de son avenir erronée (ou exagérée) comme ont pu le prouver l’art de l’ère Victorienne et ses représentations loufoques, ou encore la capsule de l’ENA datant des années 60, avec ce jeune garçon imaginant des maisons volantes en 2000. Mais l’esthétique du mouvement inspire bel et bien des réalisations actuelles, à l’image du projet de renouvellement urbain de Stefano Boeri avec sa forêt verticale Milanaise, Bosco verticale, où la nature vient rencontrer l’architecture.

Le mouvement nous rappelle également certaines habitudes indispensables telles que le combat contre l’obsolescence programmée en dépassant la condition originale de chaque objet manufacturé. On fait ici référence à la désobéissance technologique que l’on a pu observer sur des territoires aux ressources limitées et vivant avec de fortes contraintes (Cuba, Inde…). 

Immeuble vert - Stefano Boeri - villes écologiques - Solar punk

(© Stéfano Boeri)

ventilateur soviétique - thème Solar punk

(© ventilateur soviétique - cité du design )

N’ayons pas peur du changement. Comme le sous-entend le suffixe -punk dans le nom du mouvement, parfois, un soupçon de subversion ne fait pas de mal. Si nous voulons changer les choses, une rupture drastique dans nos habitudes et nos perceptions sera nécessaire comme l’a expliqué en partie la conférencière Keisha Howard dans son TedX. Alors soyons prêts pour de nouvelles choses, inspirons-nous et passons à l’action pour changer les choses.